Je suis sur mon chemin, celui qui est juste pour moi. Il n’y en a pas d’autre que celui-là. J’ai mis du temps à trouver les bonnes chaussures, le sac de randonnée à la bonne taille, ni trop lourd à porter mais contenant tout de même le nécessaire à mon voyage. J’ai mis du temps à trouver les compagnons de route, ceux qui, tout en marchant à leur rythme, acceptent le mien. Ces âmes qui accueillent les pauses et aident à enlever les cailloux des bottines. Ceux qui partagent l’eau de leur gourde et le lit superposé d’un dortoir de refuge. J’ai mis du temps à assumer l’itinéraire et la destination que je me choisissais. Itinéraire paisible et à mon rythme, destination lumineuse et ensoleillée. Alors évidemment, de temps en temps, je tourne la tête à gauche ou à droite pour regarder, c’est humain, si il y aurait des randonneurs mieux équipés, mieux préparés, des sacs à dos plus légers à porter, ou des marcheurs qui vont plus vite, qui connaissent les raccourcis, qui ont une boussole intérieure mieux réglée. Alors bien sûr, je regarde souvent devant, vers ceux qui ont déjà franchi tellement plus de cols, ceux qui ont déjà alignés tellement plus de pas, ceux qui ont l’air tellement certains de bien lire la carte qu’ils ont dans les mains. Et puis, je tente de ne pas oublier aussi dans ces moments-là de jeter un œil par-dessus mon épaule, vers l’arrière, vers la timide marcheuse que j’étais il n’y a pas si longtemps de cela. Celle qui, timidement souvent, a préparé, rêvé cette randonnée. Celle qui demande à celle qui guide d’y aller pas à pas parce que , quand même, elle a envie d’aller par là, mais les jolis sentiers de montagne, qui serpentent dans des vallées d’une beauté à couper le souffle, et puis les arrêts qu’on s’offre pour savourer le paysage ou se reposer, pour s’abreuver à une source pure et abondante, et puis les partages de casse-croûte, d’idées, elle ne connaît pas bien. Jeter un œil par-dessus mon épaule, et lui faire signe qu’elle peut avoir confiance. Aujourd’hui, je marche à mon rythme, je respecte l’énergie de chaque jour au lieu d’arracher des kilomètres quotidiens. Cette lenteur respectueuse m’est parfois inconfortable. Et écrire ici me permet de me souvenir. Mon chemin, c’est celui-là, et il n’y en a pas d’autre pour moi.
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